Conférence plénière

Invitée d’honneur : Jackie Kay

Photo : (c) Denise Else

Conférence plénière:

« IN THE SPACE BETWEEN:

The Construction of a Multiple Self »

Née en 1961 à Édimbourg d’une mère écossaise et d’un père nigérian, Jackie Kay fut adoptée à sa naissance par un couple blanc et grandit à Glasgow dans une famille marxiste (son père travaillait pour le parti communiste, sa mère était secrétaire écossaise de la Campagne pour le désarmement nucléaire). Elle fait irruption sur la scène littéraire en 1991 avec le recueil de poésie The Adoption Papers (1991)[1], qui a remporté le prix First Book of the Year de la Saltire Society, le Scottish Arts Council Book Award et le prestigieux Forward Poetry Prize. Le recueil s’inspire de son expérience d’enfant métisse adoptée et de sa recherche de sa mère biologique. À travers les voix en contrepoint de la mère adoptive, de la mère biologique et de la fille, les poèmes explorent la quête d’identité culturelle de l’enfant adopté à l’issue de laquelle elle découvre que l’identité n’est pas une entité transmise par du matériel génétique et ne saurait être assimilée à des origines généalogiques. Cette découverte est de nouveau affirmée dans Life Mask (2005), dans la série de poèmes retraçant la rencontre de Kay avec son père biologique au Nigeria, et dans ses mémoires autobiographiques Red Dust Road (2010)[2], dans lesquels son père, qui s’avère être un chrétien fondamentaliste conservateur, offre un accueil des plus réservés à sa fille athée et lesbienne qu’il considère comme l’incarnation de « mon péché passé » (« Things Fall Apart »). Dans le poème « Things Fall Apart », Kay décrit son parent biologique comme « Moins chair que terre noire ; moins sang que poussière rouge / … plus éloigné de moi que Chinua Achebe », l’amenant à redéfinir sa généalogie en imaginant des chaînes de transmission (culturelles) alternatives.

L’impact de l’esclavage sur la culture et l’identité noires est au cœur du deuxième recueil de poèmes de Kay, Other Lovers (1993), tandis que Off Colour (1998) traite des questions de santé et de maladie, non sans un certain humour noir. Les poèmes donnent voix aux laissés-pour-compte de la société, aux malades, aux ringards, aux obèses et aux personnes d’âge mûr ; la langue glisse avec une grande fluidité entre l’anglais et l’écossais. Une sélection de ces premiers recueils peut être trouvée dans Darling: New and Selected Poems (2007). The Lamplighter, un poème dramatique sur la traite transatlantique des esclaves, a été diffusé sur BBC Radio 3 la même année ; et Fiere (2011), recueil de poèmes lyriques sur l’amitié, a été présélectionné pour le Costa Poetry Award 2011 et le prix First Book of the Year 2011 de la Saltire Society. Le recueil de poésie le plus récent de Jackie Kay est Bantam (2017), présenté comme « un livre sur l’esprit combatif », qui « traverse les frontières, de Ranoch Moor à la Somme, du Brexit au pays des Brontë… des poèmes qui chantent ce qui nous relie, et déplorent ce qui nous divise ». Il contient le magnifique « Threshold », premier poème que Kay a écrit en tant que « Scotland’s Makar », ou Poète National de l’Ecosse, poste qu’elle a occupé de 2016 à 2021, et qui fut lu à l’ouverture de la cinquième session du Parlement écossais en 2016.

Bien qu’elle soit surtout connue en tant que poète, la production littéraire de Kay traverse les frontières génériques pour englober le théâtre, la fiction (romans et nouvelles), les mémoires et la littérature pour enfants. Son premier roman, Trumpet, publié en 1998, a reçu le prix du Guardian Fiction. Elle a publié plusieurs recueils de nouvelles, Why Don’t You Stop Talking (2002), Wish I Was Here (2006) et Reality, Reality ( 2012), un roman pour enfants, Strawgirl (2002), ainsi qu’un recueil de poésie pour enfants, Red, Cherry Red (2007), qui a remporté le prix de poésie CLPE (Centre d’alphabétisation dans l’enseignement primaire) en 2008. Son œuvre continue de sonder le thème de l’identité en tant que singularité et sentiment d’appartenance collective ; il véhicule « une croyance sans faille dans le pouvoir des histoires et des poèmes non seulement pour promouvoir la compréhension et l’empathie, mais aussi pour révéler, rendre digne et transformer des vies » (Susan Tranter, 2008). En 2006 Jackie Kay a reçu un MBE (membre de l’Ordre de l’Empire britannique) pour ses services rendus à la littérature.

[1] Traduit en français par Caroline Ziane sous le titre Carnets d’adoption (Montréal : Mémoire d’encrier 2017).

[2] Traduit en français par Catherine Richard sous le titre Poussière rouge (Paris : Métailié 2013).


Guest speaker: Jackie Kay

Jackie Kay was born in Edinburgh in 1961 to a Scottish mother and a Nigerian father but was adopted at birth by a white couple and brought up in Glasgow in a Marxist household (her father worked for the Communist party; her mother was the Scottish secretary of CND). She burst onto the literary scene in 1991 with her collection of poetry, The Adoption Papers (1991), which won the Saltire Society Scottish First Book of the Year Award, the Scottish Arts Council Book Award and the prestigious Forward Poetry Prize. The collection draws on Kay’s experience of being an adopted mixed-race child and of seeking out her biological mother. Told in the counterpointing voices of the adoptive mother, the birth-mother, and the daughter, the poems explore the adopted child’s quest for cultural identity and her discovery that identity is not something transmitted with genetic material and cannot be equated with genealogical origins. This discovery is confirmed in Life Mask (2005) in the sequence of poems about Kay’s meeting with her biological father in Nigeria, and in her prize-winning autobiographical memoir Red Dust Road (2010) in which her father, who turns out to be a conservative fundamentalist Christian, offers a cool reception to his atheist, lesbian daughter whom he considers to be the embodiment of “my past sin” (‘Things Fall Apart’). In the poem ‘Things Fall Apart’, Kay describes her birth-parent as “Less flesh than dark earth; less blood than red dust / … less like me than Chinua Achebe”, leading her to redefine her genealogy by imagining alternative chains of (cultural) transmission.

The impact of slavery on Black culture and identity is the focus of Kay’s second collection of poems, Other Lovers (1993), while Off Colour (1998) deals with issues of disease, health, and illness, not without a certain dark humour. The poems give voice to the voiceless members of society, to the ailing, the unfashionable, the ignored, the overweight, the sick, and the middle-aged; the language slides seamlessly between English and Scots. A selection from these early collections can be found in Darling: New and Selected Poems (2007). The Lamplighter, a dramatized poem about the Atlantic slave trade, was broadcast on BBC Radio 3 the same year; and Fiere (2011), a collection of lyrical poems about friendship, was shortlisted for the 2011 Costa Poetry Award and the 2011 Saltire Society Scottish Book of the Year Award. Kay’s most recent collection of poetry is Bantam (2017), billed as “a book about the fighting spirit”, that “crosses borders, from Ranoch Moor to the Somme, from Brexit to Brontë country … poems that sing of what connects us, and lament what divides us”. It contains the magnificent ‘Threshold’, the poem read at the opening of the Fifth Session of the Scottish Parliament in 2016 and Kay’s first poem written as Scotland’s Makar, or National Poet of Scotland, a position she held from 2016 to 2021.

Although she is best known as a poet, Kay’s literary output crosses generic boundaries to take in drama, fiction (both novels and short stories), memoir and writing for children. Her first novel, Trumpet, published in 1998, was awarded the Guardian Fiction Prize and she has published several collections of short stories, Why Don’t You Stop Talking (2002), Wish I Was Here (2006), and Reality, Reality (2012), as well as a novel for children, Strawgirl (2002) and a collection of poetry for children Red, Cherry Red (2007) which won the 2008 CLPE Poetry Award. Her work continues to probe the theme of identity as both singularity and sense of collective belonging; it conveys “an ongoing belief in the power of stories and poems not just to promote understanding and empathy, but to reveal, dignify and transform lives” (Susan Tranter, 2008). Jackie Kay was awarded an MBE for services to literature in 2006.